Le lapidaire d'Amsterdam

Le lapidaire Amsterdam

Je suis rentrée dans sa boutique

Sans vraiment vouloir acheter

Juste par curiosité

Juste pour regarder

Ces pierres qui brillaient tant

Dans le bureau du lapidaire

J'ai été émerveillée

Par le système de shuttles feutrés

Pour envoyer les pierres d’un étage à l’autre

Du coffre fort au grand jour

En passant par l’atelier

Elles sont aspirées par un tuyau

Quand on appuie sur le bouton

Je lui ai dit vous savez ca me fait penser

Aux capsules d’un film de science fiction

Alors il les a ouvertes

Il m’a montré ces pierres

Comme des gouttes de rosée au soleil

Il avait une façon étonnante de les manipuler

Avec une pince à épiler

J’ai posé des questions

Beaucoup de questions

A quoi on les reconnaissait

A quoi elles ressemblaient

Avant d’être taillées

Beaucoup de questions
Polies et impolies

Sur comment on les taillait

Sur  toute leur étonnante aventure

Depuis les entrailles de la terre

Jusqu’à sa boutique à Amsterdam

Et il a passé longtemps

Presque tout un moment

A répondre à toutes mes questions

Gentiment et patiemment

A me montrer plein de couleurs

Des roses des jaunes des noirs des verts

Il a parlé longtemps

Souriant très souvent

Riant à mes questions

Appuyant sur des boutons

Sans jamais lâcher

Sa pince à épiler

Et puis quand même il a fallu partir

Je lui ai dit

Merci

Pour tout votre temps

Et je lui ai dit

Quelle chance vous avez

De travailler entouré de tant beauté

C’est gentil Monsieur

D’avoir passé du temps à le les montrer

Ca m’a beaucoup émerveillée

Et il a posé sa pince à épiler

Et il m’a regardée

Et il m’a souri

De gentillesse et de tristesse

Il m’a dit

Ces pierres que vous avez vues

C’est vrai qu’elles sont d’une grande beauté

Ce que la nature a de plus précieux

Pourtant

Fait écho au pire de la nature humaine

Le plus vil et le plus triste

L’avidité la jalousie

Et aussi beaucoup d’envie

Parfois des armes

Alors mademoiselle

Ça m’a fait plaisir

De passer ce temps avec vous

Juste pour répondre

A vos questions

Ça fait bien longtemps

Mais j’y pense souvent

A ce monsieur

Cette gentillesse et cette tristesse

Cette sagesse

Et à ses pierres

Ses belles rivieres

Qui brillaient

Comme ses larmes