dimanche 24 avril 2011

les hommes changés en arbres ou: la forêt des temps

31 octobre 2008
assise dans la voiture bar d'un ICE

Dehors, le paysage défile, les robes rougeoyantes et flambantes de l'automne, ultime coquetterie, ont cédé la place à l'hiver, et les longs doigts crochus des arbres déshabillés accusent le froid et les intempéries. Les forêts chatoyantes deviennent austères et terrifiantes et il me tarde que la neige illumine un peu tout ça. Si on en a... ca me fait peur les forets d'hiver. Je me dis qu'en fait il ne s'agit pas d'arbres mais de gens changés en arbres et qui peuvent retrouver forme humaine à condition que quelqu'un les voie et le touche et prononce leur nom, mais en attendant ce sont des arbres parmi les autres en hiver, et en été ce sont les seuls sans fruits
Punition horrible, l'espoir à chaque fois que quelqu'un rentre dans la forêt, et l'angoisse quand ils en repartent, l'envie de pouvoir, aussi, repartir, et en été quand les gens se baladent au frais, ne pas avoir de fruits pour attirer les baladeurs... et puis être condamnés à l'oubli quand le dernier des contemporains meurt et que plus personne ne connait le prénom métamorphique... et que la forêt devient légendaire... on dit qu'il y a bien, bien longtemps de cela, les arbres de cette forêt étaient en réalité des hommes, mais qu'ils ont été transformés en arbres... mais pas de soucis: un jour bien sûr le héros défie celui ou celle qui a créé le sortilège et le sortilège disparaît à son tour...
et alors...
les arbres enfin les faux arbres retrouvent forme humaine, et les humains privés de leurs racines temporelles errent, à la recherche de ce qu'ils connaissaient, mais qui n'est plus...

Les arbres pèlerins auraient alors le choix, celui de se lamenter, à vie? dans des chants bizarres aux consonances amères ou alors d'essayer de voir justement, comment tout change sans ne jamais changer, pour retrouver leurs racines temporelles, bien que pour eux, tout se passe comme s'ils se réveillaient d'un long sommeil, et que rien n'était pareil à leur réveil... Transformés en arbres, il leur a manqué la possibilité de gambader et gamberger, le faste des banquets et les ragots de la cour, mais retransformés en humains, se sont-ils sentis déracinés et privés d'orages et de forêts vertes? Ont-ils su apprivoiser l'errance?

eh c'est que les contes de fées se finissent toujours justement là où ils devraient commencer, c'est à dire quand la bonne question est posée: c'est bien: ca laisse de la place à la liberté... les fées sont tyranniques, peut-être, ce qui est certain, c'est qu'elles n'en font qu'à leur tête, mais leurs contes, non... et c'est bien comme ça.

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