jeudi 16 novembre 2023

Escapade

 En plein mois de novembre

La lumière m'a réveillée

J'ai dit viens on seche tout

On envoie valser la routine

On part à l'aventure

Allez viens soyons fous

On est sorti de Paris

On a oublié les devoirs

On a tout remis à plus tard

On a vu de drôles d'oiseaux

Dans un parc très bien léché

On a mangé un super goûter

On a joué au foot avec un pompon

On s'est perdu pour de faux

Dans les allées soignées

Et les contre allées aux mèches rebelles 

Et je n'ai pas trouvé mon arbre

Mais on a bien rigolé

Puis par un nouveau chemin

Tout tranquillement

Heureux rechargés

On est rentré à la maison

On a fait les devoirs

On a rangé la chambre

Et juste avant de dormir

La routine est revenue

Toute timide certes

Mais le rose aux joues

Le sourire aux deux oreilles

Et une mèche rebelle

Couleur feuilles d'automne 



dimanche 29 octobre 2023

F(I)=I

 Un regard d'il y a plusieurs civilisations. Il voit depuis longtemps, maintenant et pour longtemps. L'intelligence incarnée mais sans jamais se compromettre, la fonction mathématique qui ne souffre aucune application numérique. L'ange jamais déchu. Intact.

samedi 7 octobre 2023

Irréversibilité

Rêver en ciel

Rêves errances cieux

Révérence yeux*

Dans nos visages qui prennent tout le ciel

On voit l'aube rouge par transparence

Et des petits coins de bleu

Et nous volons

Et ton regard surtout, tendresse jamais finie

Irréversible amour

Pour guérir et saigner moins faut-il aimer davantage 

Les nuages accélèrent

Plus, toujours plus, à une vitesse existentielle**

Bientôt je me réveille...

Quelques minutes encore, je te garde auprès de moi

Quelques instants encore je te sens avec moi

J'ai le cœur chaud encore de tout ce que tu m'as dit

Sans parler

Vertiges, vestiges et le soleil se lève

Le rêve tout à fait parti et nos quotidiens nous déracinent

De l'essentiel pourtant mon amour irréversible



*Rêver en jeux/ rêver ange/ rêve frange à la limite du réel/ le bout du tapis la trame qui rit


**Existe en ciel/ existence sienne

mercredi 4 octobre 2023

Ire et révérence

Aujourd'hui c'est pour deux rires
Pas sérieux du tout
Passées l'ire, l'incrédulité, la rerererereverification, il reste...
                                  ... rien
C'est tout le problème
Trois petits tours et puissant va
(Trois petits fours et puis s'en va)

mardi 25 juillet 2023

Dragon blanc

Tout a été dit déjà

Ressenti même peut être

Mais le vivre de renouveau est tellement un miracle

De gaieté de légèreté

De cœur qui explose

Sans aucune raison tangible avec les mains

Peut être c'est tout dans ma tête

Ou dans mon coeur

Ou mon imagination

Je ne suis plus sûre de rien

Que de cette joie comme une pépite

Quand je l'écoute je me sens bien

Comme une b(isc)otte secrète 

Qui résiste à toutes les flaques de pluie

Et en Normandie y'en a pas mal et assez souvent

Et assez aléatoirement

Alors une botte secrète a son avantage

Pourtant je la hurle de toutes mes cellules cette joie

Elle n'a sans doute rien de secret

Cette joie de quoi au juste ?

J'en sais trop rien en vrai si ce n'est

Cette joie de sentir ce que je sens

D'être touchée par un dragon blanc

Au poil soyeux au corps incandescent 

Qui luit rose ou luit orange

Comme la certitude bien enfouie

Comme une lumière bien protégée

Peut être ca fait longtemps que c'est ainsi

Sûrement d'ailleurs quand j'y pense

Mais je ne le vois que maintenant

Et j'entends tout rigoler autour de moi

Comme les petits grelots de l'été

Tout ça j'ai dit déjà

Mais le dragon blanc je savais pas


Dragon blanc soyeux

Aux idées végétariennes

Couleur coucher de soleil

Un corindon des merveilles

(Un corps un don d'émerveille)

jeudi 20 juillet 2023

Vérité

 La vérité éclatante, elle détâche la réalité car elle dégomme les préjugés et éblouit par sa blancheur

Celle qui dénote et détonne et ne cesse de m'étonner

Celle qui tranche car elle découpe court aux arguments fallacieux

Celle qui marque l'avant l'après, celle que je ne peux plus oublier

Celle qui me transporte à un autre plan car elle lève les apories, ces ruelles et impasses de la pensée, 

Celle qui tombe comme un couperet, coupe raide et soulève tel un pont levis

Celle qui me fait rire et rire tant c'était pourtant évident, mais c'est peut être elle qui se rit de moi, en fait nous rions ensemble

Celle qui danse dans le vent comme une poussière au soleil

Celle qui, la nuit tombée, me guidera dans l'obscurité, douce et rassurante, aimante et exigeante

Celle qui ne peut plus être autrement

Celle qui est toujours là 

samedi 24 juin 2023

04:26

J'arrive pas à dormir

Plutôt que de tourner en rond

Je me lève j'ouvre la fenêtre

Je vais respirer dehors

A travers les volets entr'ouverts

Pour préserver la fraîcheur 

La rue orange sent le jasmin

Bribes de conversation comme une mosaïque sonore linguistique impromptue

Le frigo ronronne

La nuit les odeurs changent

Les perspectives aussi

Les yeux mi-clos

Sourire au coeur

Je retourne au lit

Un peu rafraîchie

Un peu dépaysée

Tout à fait prête

À retourner dormir

Ou alors à défaut

À retourner rêver

vendredi 23 juin 2023

Opale (galerie des portraits, le musicien)

Immense. Immensissime. C'est ce que je me suis dit dès la première rencontre.

Enfin, première rencontre ? Elle s'est déjà passée avant et continue de se passer à l'instant où j'écris, comme une secousse de terre se détecte avant et se ressent encore après (on peut imaginer un temps en cône, un évènement est une ligne verticale sur le cône et si on déroule le temps après pour en faire, artificiellement du reste peut être un machin linéaire, alors les impacts d'un événement ont lieu plusieurs fois). Et un tremblement d'âme alors ?

Ça vous paraît étrange ?

C'est une histoire à plusieurs vitesses et plusieurs directions alors on ne peut qu'en vivre le motif, ou bien est-ce le motif qui nous vit ? Mais c'est un musicien je vous dis, sa vie est son instrument ! Un son se prépare, il in-siste avant d'ex-ister, le prévenir avant de devenir le souvenir de l'instant. Si vous ouvrez bien les mirettes, le coeur et les oreilles, peut être vous en verrez un reflet tout à l'heure. Immense.

D'habitude d'ailleurs j'écrirais cela en anglais. 

Mais en fait je ne sais pas si immense qualifie l'amour d'humain à humain que je lui porte (ou l'amour qui voyage à travers moi, qui porte qui au juste ?)(l'amour d'ailleurs est océanique ou n'est pas), ou bien l'humanité qui émane très évidemment et perpétuellement et essentiellement différemment, ou bien la familiarité de ce que je vois ou sens. Sans doute donc un peu des trois et plus encore.

Non seulement sa musique est sa vie (ça m'amuse, les musiciens qui disent la musique c'est leur vie, ils omettent la réciproque)(ce qui implique de ne s'assurer que d'une chose c'est que les mains, au moins, restent libres et la disponibilité aimante), mais surtout, sa vie est musique des sphères, il fait de sa vie un instrument qui vibre, une sphère vibre, que s'faire vibre et donc aussi, nous fait vibrer. Il a presque tout lâché, acceptant que rien n'est à lui, rien n'est vraiment lui, ni là, ni grave ni important, sauf l'amour dont il se fait l'antenne. L'essentiel tient ensemble non pas parce que la colle est bonne mais parce que l'(e)motion est analogue (dernier vers de la divine comédie)(dans le paradis, donc tiens).


C'est rond hein ? Toutes ces sphères de sphères de sphères de sphères. Étonnant le trajet de la lumière dans tout cela. Ça me fait penser à l'opale (la seule pierre à structure interne sphérique, très difficile à tailler). Une opale est-elle jamais deux fois pareille ? Ou plutôt, la voit-on jamais deux fois de la même façon ? La ressent-on jamais deux fois exactement pareil ? S'en souvient-on, l'espère-t-on jamais la même ? Car nous mêmes changeons aussi en (im)permanence, sommes-nous nous-mêmes vraiment jamais deux fois les mêmes ? Ah voilà, tout vibre ! (Pire que l'opale d'ailleurs : le café, trop de paramètres, jamais le même goût ! Alors je m'en sors comment ? Je me dis, c'est bon à chaque fois, et ça ça ne change pas, même si le sens de bon change. Oh mais on peut faire pareil avec l'opale, c'est : beau. Et avec les humains, c'est : amour)

Donc qui est dans l'harmonie, finalement ? Celui qui vibre avec le moment, ou celui qui s'accroche à une structure déjà dépassée ? Le chêne et le roseau. 

Ne vous trompez pas, il faut une très bonne structure interne pour laisser l'onde se déployer telle qu'elle doit l'être. Un genre de roulement à bille somme toute pour éviter les boulettes. Ça s'appelle l'éthique (mais non pas l'étiquette). La rigueur  de l'intention.


Bonjour. C'est l'été. Je vais bientôt au concert alors je tends déjà l'oreille, je vous souhaite une bonne journée, où que vous soyez dans le monde et quelque forme prenne le sourire que je vous envoie. J'espère que tout roule pour vous.

(Et à ceux qui sont trop loin je pense aussi, en fermant les yeux pour m'en rapprocher un peu, ça marche, mais vous me manquez quand même, vous êtes trop loin quand même, demain c'est samedi midi)

(Je me relis. Ça va pas l'image du cône. Une sphère - le temps- avec l'événement un fuseau peut être ? En déroulant ça fait une vague, une courbe de gauss ? D'un océan ?

Trop de parenthèses)

mardi 20 juin 2023

Les sur râleurs

 Quand ils me fatiguent trop, j'imagine une grande boîte à camembert. Avec des boîtes à oeufs sur les murs pour bien insonoriser la pièce. J'y imagine tous les râleurs, les sempiternels (cent pires ternes ailes, sans pis terre sans pitié de et s'empire terne dans cette citerne) mécontents, les empêcheurs de tourner en rond aussi radins de leur bonne humeur que de leur sourire (enfin peut être à force je me dis qu'ils ne savent pas) que du reste (non ça c'est pas gentil) les ingrats tatillons (les très mauvais jours, hop une tour en fer au milieu et j'appelle ça paris. Non j'exagère quand même). On va voir qui ralera le plus fort. C'est tentant mais ça ne ferait qu'empirer la situation, pas vrai ?, et malgré les boîtes à oeufs ça fait un boucan de tous les diables. Ça va déborder et gêner toute la cité.

Il faudrait leur apprendre ? A sourire ? Mais on ne les reconnaîtrait plus ? Mais qui dit qu'ils ont envie de dé-râler ? Et moi ben... Sûre de pas avoir envie d'être leur prof. Cette certitude prend d'ailleurs de plus en plus d'ampleur. Tiens, elle couvrirait jusque leur vacarme ?
Mais là j'ai quand même un dilemme.
Parce que à force, ils me cassent les oreilles. Voire plus. Et quand c'est le moral c'est pire.
Quand on se dit "tiens c'est mieux quand ils sont pas là" ou "tiens il semblerait qu'ils ne soient en fait pas tous comme ça " on a tôt fait d'imaginer un jardinier qui déracine, à regret peut-être mais sans hésitation, les arbres toxiques contaminants. Allez, allergènes disons. Ou faut il les traiter ? Au bout de combien d'explications posées on considère que c'est peine perdue, au bout de combien d'application de pommade on considère que l'écorce en fait c'est du plastique imperméable, pas très écolo dans un jardin et que, finalement, c'est du gâchis de pommade ?
Le jardinier me sourit en coin, un sourire qui me dit, tu connais la réponse... 
Elle est en toi... Ah il m'aide jamais lui.
Dur hein ? J'avais bien dit que c'était un dilemme. 
Mais là vraiment... 

Hmmm

lundi 19 juin 2023

Zèbrure rose

On prend le taxi ?
Mais non voyons, attendons le bus, il est là dans deux minutes...

Je me résigne à la réponse en dépit des kilolitres d'eau que le ciel nous déverse, et ce en un temps très court comme pour rattrapper les journées de canicule (petit chien) et sans aucun préavis sur nos applis météorologiques (au fond de moi après coup je l'avoue, très amusée que la météo ait trouvé le moyen de préserver son e-autonomie). Aucun vêtement adapté donc. Ah j'oublie ! La scène se déroule en présence d'enfants enrhumables et sous un abribus moderne. Comprendre : conçu par souci esthétique - contestable donc, mais là n'est même pas le débat, au grand détriment surtout de sa capacité à évacuer l'eau HORS du volume situé sous la pseudo toiture. Et sans cloisons sur les côtés. Un jour il faudra m'expliquer ces ingénieurs qui n'ont pas assez joué avec l'eau dans leur bain quand ils étaient petits. A priori l'eau suit l'orientation du toit ?

Pas grave le bus arrive dans deux minutes ! Ah non pardon, autre détail technique des abribus pseudo informatifs : quand les écrans ne sont pas hors service, l'exactitude du delai annoncé est inversement proportionnelle à la déception causée par une erreur d'estimation. Cette règle étant fixée, on comprend pourquoi les trois bus suivants sont totalement fantômes, sauf celui qui fait demi tour pile poil à la station à laquelle nous sommes agglutinés les uns aus autres sur le centimètre au sol encore épargné par les trombes de flotte qui tombent, accompagnées de bourrasques. C'est joli ça fait des codes barres aériens sur la chaussée. J'ai pas pensé à les scanner tiens.

Finalement nous avons changé de plan, pris un chocolat chaud en chemin (pas cool les nez qui coulent), 
Quel orage ! Tout y est, le vent impétueux, la pluie diluvienne, et même... aperçu, par tous en même temps un éclair vif comme une zébrure rose ! Quel spectacle ! Mon seul regret c'était que ma copine photographe n'était pas là pour râler qu'elle l'avait une fois de plus loupé. Nous en fûmes tous cois - ce flash céleste ayant coupé le clapet à toute forme de remontrance potentielle - et requinqués pour la suite du voyage, qui s'est avérée bien plus climato-logique.

Pas de regrets pour le taxi.

Est ce que j'ai pris un coupe vent ce matin en partant ? Ben non voyons. Enfin, mais à quoi ça pourrait bien me servir...


Incandescence stellaire

Allongés sur l'herbe
En août juste avant la rentrée
Sur une couverture en laine
En tartan d'un autre temps
Ça gratte un peu mais c'est pas grave
On lit encore sur l'étiquette
Presque tout effilochée 
pure laine vierge avec la jolie toupie qui n'arrête jamais de tourner sur elle-même 
Comme la terre autour du soleil qui lui même se meut dans l'univers
Un peu c'est vrai comme un tapis magique
Elle nous mène vers les étoiles
Tiens d'ailleurs regarde celle-là 
Il y en a une qui veut jouer à chat
Celle là qui nous appelle
Elle file droit dans le ciel
Et si nous la suivions, où nous mènerait-elle ?
Allez, c'est parti on s'accroche un peu à ses ailes ?
Ouvrons bien grands les yeux et suivons ses pointillés
qui scintillent dans le noir comme un chemin vers nos espoirs
Écoutons notre coeur
Écoutons le vœu qu'il nous chuchote infiniment
Au creux de l'intimité d'une nuit étoilée
Écoutons le bien nous ne l'entendrons qu'une fois
Ce murmure de notre identité
Et chut surtout gardons le en nous
Ça va très vite mais j'ai même pas peur
J'ai le vertige je m'assoupis
Je me dilue en firmament
Quand j'ouvre les yeux il fait tout à fait nuit
L'étoile est partie à son tour rêver
Continuer sa poursuite dans le grand infini
Je replie la couverture et retourne me mettre au chaud
Sous un toit plus terrien mais le regard plein d'étincelles
Le coeur apaisé et les pas guidés
En route sur le chemin qui mène à demain.

Incandescence stellaire qui nous vient  d'hier et nous mène à demain

samedi 3 juin 2023

Velours noir

 Désarmée au degré ultime 

Par un regard velours noir cristal liquide

Des sourcils virgule

Une présence framboises mûres

Parfois tonnerre parfois éclair

Parfois mer d'huile parfois c'est vagues

Toutes mes défenses ont fondu

Évanouies évaporées

Devant cette île à part entière

Devance cet il à part... mystère 

Que faire, je me lance ?

De fer ma volonté !

Elle aussi évaporée,

Regard noir velours liquide

Présence adorée...

Non non non pas cette fois ci

Mon courage à demain...

J'ai tremblé ça c'est vu ??

Touchée il a su ??



samedi 11 mars 2023

dichotomie de l'insomnie

Ça dort, dans la maison. Mais moi je ne dors pas. C'est le moment de la nuit le plus intime, aucun mensonge n'est possible. Les rôles de la vie quotidienne s'évanouissent, je ne sais pas s'ils s'évaporent ou bien s'ils fondent, ou bien si ce qui s'évapore est précisément ce qui fonde, ni même si ce qui s'effondre s'évapore, ni si ce qui sait vapeur sait fronde. Sans doute ces rôles se défaussent (et hop, dans la fosse) et il reste ce vertige abyssal du moi en suspension, ce rêve ce vestige abyssal de l'émoi points de suspension, et point de suspension pour les doutes qui m'assaillent.

Qu'est ce qui fait sens ? Sens ? Rien, pas de sens. Je tourne, je me retourne. Pas trop, sinon je vais déranger l'horizontal bien ordonné à côté de moi et son impatience me coûtera cette intimité précieuse, fût elle vertigineuse, du rendez-vous avec moi-même. Qu'est-ce qui reste ? Les vraies questions de la journée, celles qui prennent trop d'espace au moment où je les ai rencontrées, et celles qui ne me quittent pas. Ponctuellement, aussi, cette chanson, aussi, que j'ai écoutée mille fois mais toujours aussi juste, un manque lancinant, entêtant, que je fais de mon mieux pour occulter, endormir quand il fait jour, mais qui je sais se réveillera au tout creux de la nuit. La maisonnée dort. Si elle savait à quel point je ne dors pas...

Allez, je me retourne un coup, ça sera peut être mieux de l'autre côté, attention à ne pas arracher trop de couverture. Demain je réécouterai, mille fois sans doute, cette chanson, je jouerai à mes questions la flûte hypnotisante du serpent qui danse. La nuit dissout les rôles. Oui c'est de dissolution qu'il s'agit, bon c'est déjà ça d'avoir trouvé le mot exact. Après tout c'est une chance de les entendre, les questions.

Les doutes guident-ils autant que la lumière ?

dimanche 26 février 2023

La valise oubliée

 Suite à un colis abandonné, un train entier a été aglutiné dans le hall de la gare. Quelqu'un s'est assis au piano et a commencé à chanter. Pas forcément mes musiques préférées mais des chansons françaises. Alors on a fredonné, chanté un peu plus fort, puis chanté tout à fait. Interrompus seulement pour écouter les annonces SNCF nous annonçant l'avancée du retard... Et quand j'ai tout à fait cessé d'être impatiente, je me suis émerveillée de cette musique qui nous rassemblait anonymement, il a été temps de partir, au milieu de la chanson... Et dans le wagon, on fredonnait, à tout de (d) rôles, des vieux nanars de la chanson française. Une demi heure de retard, mais le coeur joyeux...

dimanche 12 février 2023

La disparition (à poster un jour)

 La disparition

Je perds un ami. Je n'ai pas su que c'était un ami avant de l'avoir perdu, avant qu'il n'ait quitté ce monde. J'ai eu peur (bêtement, donc) de ce qu'il avait de plus beau, son regard, qui voyait, en nos cœurs, sans juger, par delà les coquetteries, les non dits, les fards et les pudeurs... qui voulait toujours faire rire pour ne pas imposer son cynisme, j'ai eu peur de ce qu'il pouvait voir et cette peur m'a privée d'une discussion sans âges.

Je n'en finis pas de le laisser partir. Après avoir senti la peine de ses plus proches, puis qu'il avait lutté, j'ai senti qu'il était dans le cœur de ses aimés. Après l'avoir poussé pour qu'il avance comme les regrets des discussions inachevées poussent sur les pagaies des passeurs de ce monde, des myriades de détails me sont revenus en mémoire, l'amusement s'est mêlé à la tristesse. 

Je vous souris, de l'autre rive, mon regard dérive et par ricochets, je me dis qu'il est urgent que je relise Prévert.

... des mois et des mois et des mois ont passé depuis que j'ai écrit ces paragraphes... il reste son regard comme le bord d'un pétale et les pagaies du regret sur le lac de la vie comme les larmes des cigales dans les nuits d'été. Quel mister !





Le portrait (le paradoxe du photographe)(à poster un jour)

J'ai dit ton prénom.
Tu as levé la tête et tu m'as regardée. J'avais déjà dégainé. Clic. J'ai pris la photo - la meilleure que j'aie jamais prise.
Pourtant je le regrette presque : j'ai l'impression que je te l'ai volée, impression de t'exposer au dépourvu. Et aussi surtout parce que j'ai pas envie de la partager, cette image je la veux garder pour moi toute seule.

Je le regrette presque, mais pas tout à fait quand même. Ce n'est pas seulement ton portrait. C'est aussi la photo de toi qui me regardes.

C'est la photo de comment je te vois. C'est la photo d'une évidence que je veux vivre mais que je ne veux partager avec nul autre que toi. C'est la photo de ce que je ressens et voudrais dire sans maux. C'est la photo de ce que je dis sans mots et qui bout en moi en permanence. C'est la photo exacte de ce que je voudrais te dire.

C'est tout ce que je ne te dis pas. Tout ce que je ne veux pas vouloir te dire. Cette évidence que je m'efforce de nier, et que je sais tout à fait inutile de nier.

Que j'ai besoin de toi pour être bien, par exemple. Que je pense à toi tout le temps. Que je suis sur les nerfs tout le temps quand on n'est pas - même de loin - en contact. Que ça me terrifie, aussi.

Et que en vrai, j'en sais rien, de ce que tu penses
Mais toi ? 

La nostalgie d'un lieu qui n'existe plus

 

Aujourd'hui en voulant écouter Creep sur youtube je suis tombée sur le clip de Charlotte Gainsbourg et Johnny Depp tourné au Virgin des Champs. Les jeunes d'aujourd'hui ne vont même pas comprendre de quoi je parle. Et pour la première fois de ma vie j'ai cette nostalgie au ventre d'un lieu qui n'existe plus parce que les temps ont changé.

Les casques du Virgin, de la Fnac, leurs câbles caractéristiques avec les rainures horribles (les même câbles que ceux des cabines téléphoniques soit dit en passant), rigides et froids au toucher (j'aimais pas), les gros boutons physiques à appuyer (j'aimais bien) pour passer le cd à la prochaine chanson, les codes implicites : celui qui arrivait en deuxième (deux casques par borne) pouvait écouter la musique aussi, mais le droit de changer les chansons revenait à celui qui était arrivé en premier. La complicité fugace et anonyme d'écouter le même morceau en même temps, ou l'irritation extrême, ça dépendait des cas. Les vendeurs toujours débordés qui sillonnaient les allées en courant à moitié comme des insectes affolés, alpagués tous les deux mètres par des clients aux questions diverses et toutes plus pressantes les unes que les autres, et les bras chargés de CD, toujours en gilet/maillot rouge en polyester chez virgin, jaune moutarde à la fnac, deux couleurs qui si possible n'allaient avec rien, toujours amusant de faire le lien entre le style de musique et le vendeur en question.

J'y allais au moindre événement marquant, rencontre inoubliable pour retrouver cette musique que je venais de découvrir (à tous les sens, toute l'essence, toute l'effervescence du terme enfin plutôt du début), rupture insurmontable pour diluer la douleur (de terme justement), ou juste comme ça sans raison du tout, seule ou avec des amis mélomanes, ou bien au détour d'une balade pas trop nocturne (mais je crois qu'il y avait des nocturnes, d'ailleurs ? des jours où c'était ouvert plus tard que les autres jours ?), ou juste parce que je passais devant et voulais entendre une mélodie en particulier, ou celles d'un album qui venait de sortir.

Clin d'œil à ceux qui comprennent, gratitude anonyme immense à ces derniers d'avoir été le témoin de mon époque : car ces lieux n'existent désormais que pour nous, par nous et en nous. La société, la technologie les rend désormais impossibles, désuets : elle n'a plus de lieu pour eux, elle les confine à nos mémoires et à nos cœurs : elle les atopise, elle les uchronise.
Il est là, mon âge, bien plus que dans un sillon sur mon visage : dans des habitudes d'un autre temps, dans la nostalgie d'un lieu qui n'existe plus. Il se voit, mon âge, quand je parle aux jeunes de ces lieux et que leur sourcil se hausse, et que leur visage se plisse : mais de quoi elle parle, encore, youtube c'est bien plus pratique... alors je souris un peu : cela aussi passera... et je me demande de quels lieux ils auront la nostalgie, eux aussi un jour... j'essaye d'imaginer, et puis je souris tout à fait, dans l'imagination, elle est là notre jeunesse...