vendredi 23 mars 2012

Le jardinier

Je cherche un endroit où me cacher de moi-même. Pas longtemps, deux minutes, juste le temps de ce moment terrible où je me rends compte de toutes les erreurs que j'ai commises. Est-ce que je peux courir plus vite que mon ombre pour éviter d'y penser? (c'est bien connu pourtant, qu'on ne peut pas sauter hors de son ombre) et tous ces "si" qui me scient. Plusieurs fois que j'essaye d'y couper, rien n'y fait, c'est la fête.
Bon.
Moi et mes erreurs, on va aller au café. Je vais faire l'intervieux non pardon l'interview de chacune d'entre elles, chacune son tour, trois petits tours épice sans vent, non c'est pas ça, trois petits tours et puis s'en vont. Je reviens à vous dès que j'ai fini.
Bon, ça a un peu duré, un fameux défilé, des fils de toutes les couleurs, je vous le dis. Il y a eu des désistements, non là tu étais dans le juste, pas besoin de parler avec moi. Il y a eu des invités surprise. Tu vois là tu t'es fameusement plantée, alors que tu croyais être dans le vrai, un BAOBAB tu as planté. Ca a pris un peu de place au café, c'était un peu gênant, surtout pour les autres clients, plutôt branchés, du coup. Mais ce n'était pas l'interview la plus difficile.
Non, la plus difficile est arrivée en dernier, j'étais déjà épuisée. Une toute petite fleur, toute petite minuscule, de rien du tout, toute fragile, toute frêle. Trois grammes de faiblesse. Et un monde de complications.
Elle est venue s'asseoir, toute timide. D'abord elle a eu froid, puis chaud, ça a été le bal des fenêtres. J'ai dû prêter oreille, elle chuchotait, elle ne voulait pas parler fort. Ça m'a rendue tellement impatiente, mais quand je le montrais elle le sentait et parlait encore moins fort encore. J'ai fini par lui faire cracher le morceau, à la petite herbe, mais elle a bien tourné autour du pot. Qui n'était pas grand, c'est sans doute pour cela qu'elle m'a autant donné le tournis. Elle m'a dit "je suis ta vulnérabilité. Toute ta vie tu m'as cachée dans l'ombre sans jamais écouter ce que j'avais à te dire. Moi aussi j'ai besoin de soleil".

J'ai bien réfléchi.
Et j'ai rigolé.
C'est le serrurier qui avait raison : j'ai fait appeler le jardinier.

Qui dans son infinie sagesse a su défaire les mauvaises herbes sans casser les tiges.
Et qui l'a arrosée, pour qu'elle noie son chagrin un peu et moi ma honte et ma fatigue.
Et en fait elle était plutôt belle plante, même si j'aurais préféré qu'elle l'ouvrît plus tôt.

Mais elle est comme ça, aussi,  la vie.
Elle rigole de nous.
Et je préfère rigoler avec elle.

A-t-on jamais fini de connaître les  plantes du jardin?

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