samedi 9 juillet 2011

Papillons

Papillons
Depuis le plus loin que je me souviens, je suis fascinée par les papillons.
Oui oui, leur beauté, leur vol, leurs couleurs, etc.
Je me souviens j’avais une barrette papillon quand j’étais petite, très belle. Quand la barrette a fini par se casser parce que je jouais trop avec, parce que, justement, elle était si belle, le papillon s’est décollé, regarde maman il s’est envolé de la barrette, et je n’ai même pas été triste parce qu’il a atterri tout de suite dans ma boîte à trésors les plus précieux du monde.
Ah, les boîtes à trésor de petite fille, retrouvées voire re-rencontrées des années après, les réminiscences évanescentes, la mélancolie joyeuse, et les tristesses fanées… les objets qui évoquent… et les orphelins de la mémoire qui ont succombé à l’épreuve du temps : des objets qui ont perdu leur histoire, qui restent des bouts de machin muets, perdus dans les dédales de la mémoire, du temps, attendant leur moment, qui viendra, ou non, selon, selon, oui selon quoi au juste ?
Alors en attendant, je referme la boite, respectant ce qui a été et espérant pour ce qui sera. Un vœu, donc, que je formule pour la prochaine retrouvaille… Et puis un sourire pour toutes les petites filles qui voient en leurs boites précieuses une maison pour leur objet préféré, la maison secrète où tout s’anime dès qu’on a les yeux tournés… parce qu’on a les yeux tournés…  alors on essaye de le surprendre à voler, le papillon qui fait comme s’il était une barrette alors qu’en réalité il vibre… on l’ouvre un tout petit peu, la boite pour voir ce qui se passe quand on ne voit pas… un tout petit peu… pourtant au fond c’est quand même trop… et un jour au lieu d’ouvrir la boite pour le voir voler, on ferme les yeux et il vole à tous les coups… on ferme les yeux et on s'envole à tous les coups...
Il vibre… comme pour moi maintenant le moment, vibrant, frémissant, justement, comme les ailes du papillon du souvenir porté par l’espérance : le moment présent.
Et je les aime toujours, les papillons, ca me fait sourire à l’instant même… Non, plus en barrette… mais vivants ! ceux qui n’appartiennent à personne, on ne les range pas dans des boites et on ne les enferme pas dans des cases, et puis ils apparaissent et désapparaissent comme ils veulent, au gré, de quoi au juste ? du vent, des fleurs, plein de choses, mais je ne veux pas y réfléchir parce que j’ai jamais envie de comprendre sinon je pourrais prédire leur apparition et je ne serais plus surprise et ce ne serait plus drôle du tout et je risquerais de les trouver moins beaux et ce serait aussi tyrannique que de mettre une caméra cachée dans une boite à trésors !! !
Libres comme le moment qui passe, comme le souvenir qui n’emporte que ce qu’il veut, comme le vent qui va où il veut.
Et puis, quelques heures après avoir refermé la petite boite, je me souviens…  Papa qui me dit, regarde comme il est beau, mais tu ne dois pas toucher aux papillons sinon après ils perdent la poudre sur leurs ailes, ils ne pourront plus voler et toute cette beauté tu ne la verras plus, alors ne les touche pas… et je me souviens parfois je m’arrêtais devant les chenilles, et je me perdais dans les questions que je n’ai jamais formulées à voix haute sous cette forme : hé la chenille dans sa chrysalide, je me disais, mais quand est-ce qu’elle se décide à y rentrer, quand est-ce qu’elle sait, que le moment est venu pour passer à l’étape suivante ? elle qui a grandi en tant que chenille, sillonné les feuilles pour trouver à manger, à un moment elle s’enferme dans son fil de, combien de kilomètres de long au juste ?? et puis elle devient papillon ? mais elle meurt ? elle croit qu’elle va mourir ? mais elle doit avoir très très peur ? est ce qu’elle sait après ce qui l’attend ? et elle qui a marché, d’un coup elle vole ? est-ce qu’une chenille est un pas-encore-papillon, ou est-ce que c’est complètement différent ? Et puis à chaque fois, ma conclusion était la même, que les papillons, c’était comme deux en un, et j’étais super fière pour eux !
Est-ce qu’un papillon survolant une chrysalide se dit, en fait à l’intérieur, la chenille va bientôt voler, vibrer, comme mes ailes, sur l’air chaud de l’été, à cet instant, maintenant ?
Jolis papillons…

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