vendredi 7 octobre 2011

l'histoire de l'oiseau-désir

C'est une histoire, aujourd'hui. Ca commence un peu tristement, mas je vous promets que ca se finit bien.

C'est l'histoire d'un oiseau nommé Désir. Il est très beau, très grand, il a de très grandes ailes, très fines, diaphanes, transparentes presque, et ce n'est pas sa seule particularité... il a aussi des plumes qui changent de couleur, selon comment il se sent. Il peut avoir des plumes couleur feu, chatoyantes, jolies, des couleurs chaudes, des couleurs voisines et différentes pourtant qui se mélangent et se confondent et dessinent ainsi des motifs presque et puis parfois quand l'oiseau est plus calme il prend des teintes bleues, turquoise, couleur océan, comme un océan de fraicheur, et les tonalités de bleus qui se mêlent et se démêlent dessinent des vagues, des vagues et des lames, et puis quand il se sent mystique il devient violet bleu nuit, avec des étoiles qui scintillent et même si on regarde bien parfois des étoiles filantes, sauf si son humeur a changé avant et qu'il est devenu un peu triste, auquel cas, il prend la couleur gris bleu et vert un peu des cieux pluvieux, et on devine la pluie qui tombe comme la tristesse des yeux parfois mais... ca c'est toujours avant l'éclaircie, il faut la guetter, puis les plumes devenues d'argent redeviennent d'or comme le soleil qui triomphe des nuages, pour celui qui pense à lever le nez, parfois tout d'un coup parfois progressivement.
C'est un oiseau très rare et tout à fait magnifique. En plus de son plumage somptueux, on dit qu'il chante quand il vole, et que son plumage devient un ballet de couleurs qui danse au son de ces notes, colorées, et légères, elles aussi... On dit que son chant calme le pire des ouragans, pacifie, comme un vent de sérénité et de paix, un sentiment doré et plein, heureux, de toutes les couleurs, enfin seulement les plus belles, et quand il s'arrête de chanter, pour prendre son souffle, les futilités ont fondu pour laisser place à un moment plein et rond, de vie et de paix.


Mais ca, personne ne le savait pour sûr. Je vous avais dit que l'histoire commençait tristement, et maintenant vous allez comprendre pourquoi. Parce que personne ne l'avait jamais vu voler. Il était en cage. C'était très triste, et il n'y avait rien de plus triste même. Une cage, quel qu’en soit son métal, est déjà un objet d'une tristesse infinie, mais cette cage là était bien plus redoutable encore : elle était invisible.
Des sages de tous les pays sont venus voir cet oiseau rare, pour essayer de comprendre pourquoi il ne volait plus, pour essayer de le faire voler, pour essayer de le faire sortir de sa cage, pour le divertir, pour que le monde retrouvât la beauté de sa joie. En vain, rien n'y a fait. Ca a duré longtemps. Ce fut compliqué. Des scientifiques sont venus de partout pour le mesurer, ça a couté beaucoup d'argent, ils se sont querellés, pour savoir qui avait raison, quel était le problème. On a parlé d'alimentation, de climat, de facteurs dont les noms sont trop compliqués pour que je les relate... Ca a duré trop longtemps. Parfois l'oiseau a commencé une note, puis deux, pluie trois, commençait à voler, et se cognait contre les barreaux de cette cage invisible, se blessant, à chaque fois un peu plus, et il s'arrêtait de chanter, de douleur. Cette cage lui brisait les ailes. On se demandait en quoi elle était faite cette cage qui semblait se refermer sur lui. Le plus inquiétant c'est que même son plumage se ternissait. De plus en plus souvent, il était gris, et ça, c'était trop triste, c’est comme si la cage devenait de plus en plus lourde et étroite.
Et un jour un hérisson ébouriffé venu d'ailleurs est passé par là. Il a regardé l'oiseau. Il n'a pas parlé. Il n'a pas mesuré. Il n'a pas sorti de théories compliquées. Il a regardé. Il a senti. Il a souri. Il a tendu la main, doucement, toujours sans parler. Et il a chanté avec les yeux.
Il a dit


"Oui... Je te vois, toi, l'oiseau-désir. Je te vois et je te sens. Je vois toutes tes couleurs en même temps, j'entends tes chants passés, j'entends tes chants à venir, et je les aime, tels qu'ils ont été, tels qu'ils seront. Je sais que tu ne parles pas avec des mots, que tu n'entends pas avec tes oreilles, que tes rires et tes larmes se mélangent parfois et deviennent couleurs et chants, et je les aime aussi. Je sais que tu te demandes pourquoi cette cage te laisse sans voix, impuissant et triste. Je sais que tu te résignes et que cela te rend gris, tu vois, je vois cela, je te dis tout ca avec mes yeux, en te souriant, en te sentant, les yeux fermés ou les yeux ouverts. Cette cage que personne ne voit, et qui t'emprisonne et qui t'épuise et qui te blesse, je la vois aussi. Elle est redoutable. Elle n'est faite ni en métal qui rouille ni en métal qui fond. Elle est plus solide encore, puisqu'elle est faite d'ignorance, de querelle, de désharmonie et de discorde, d'orgueil, de chantage anti-chants, et si elle t'empêche de voler de tes ailes c'est qu'elle est trop lourde. Je vois tout cela, moi qui suis passé par hasard dans le coin et qui t'ai vu. Et je sens ta tristesse aussi.
Mais regarde, même si je sens ta tristesse, je ne suis pas accablé, l'oiseau-désir. Regarde et tu vas voir que je te souris. Ecoute mes mots sans mots. Et si tu écoutes et si tu regardes encore, tu vas entendre et voir un sourire en toi, et c'est lui la clef de ta cage. Un sourire de magnanimité, que je t'adresse, regarde, regarde comme tu peux voler haut avec, car il est plus fort, que l'ignorance, la querelle, la discorde, l'orgueil... ta cage ne résiste pas à ce sourire-là" je crois qu'ils se sont dit d'autres choses encore, sans parler, mais ça les regarde, et c'est une autre histoire.


Je vous ai dit que l'histoire n'était pas triste. C'est tristissime pourtant, d'imaginer cet oiseau dans cette cage, emprisonné. Mais il y a eu un miracle, je vais vous raconter pourquoi.
L'oiseau-Désir, qui n'avait presque même pas vu les scientifiques avec leurs appareils compliqués, l'oiseau-désir qui devenait tout gris, a vu le sourire du Hérisson encore plus ébouriffé que d'habitude. C'est ça le miracle. Il l'a vu et il a vu son sourire et entendu toutes ses paroles dites sans un mot. Alors il a souri, lui aussi, devant tant de beauté de toutes les couleurs. Il a souri, et comme le hérisson avait dit, parce que le hérisson a souvent raison, et je vous raconterai une autre fois, il a trouvé la clef de sa cage... elle qui était si lourde et accablante a fondu... alors il a pu voler dans les airs, libre enfin ! Libre enfin d'enchanter tout le monde par ses chants et ses couleurs, libre enfin de chanter le monder et ses couleurs, libre enfin de chanter le monde et danser au ballet du vent... ses plumes toutes grises et ternes sont redevenues chatoyantes et splendides... je vous laisse imaginer la tête déconfite des savants du monde et toutes leurs mesures-leurre...

Il est très beau, l'oiseau Désir. Je vous souhaite de le rencontrer ! Et vous l'entendrez, si vous écoutez, vous le verrez si vous gardez l’œil ouvert, vous le reconnaîtrez, c’est sûr, au sentiment de paix dorée qui l’entoure ! N'oubliez pas de lui sourire ! Pour qu'il vole et qu'il chante, longtemps encore, toujours...

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