Les moments prennent leur temps pour arriver (ou est-ce nous qui prenons notre temps pour arriver au moment?) puis s'effilochent peu à peu et cèdent leur place les uns aux autres, dans un ballet de tapis magiques colorés dansant au rythme irrégulier et hypnotisant d'une musique mélodieuse.
Les fils des conversations, quant à eux, ne s'effilochent pas.
Quel plaisir j'ai eu de revoir des amis que je n'avais pas vus depuis longtemps. En les voyant, quelle joie explosive, quel sourire résolument irrépressible!
Eh, c'est que ce sourire vient de loin, il a voyagé avec le moment, c'est un sourire qui vient du moment d'avant, il a pris forme dans l'interstice temporel pendant que nous vaquions à d'autres choses... ces conversations gravées et profondes et lentes qui nous lient les uns aux autres en dépit du temps qui passe et de la distance qui change. Ces conversations partent en vacances le temps de réfléchir à ce qu'elle veulent dire, ou alors le temps que nous rencontrions les mots qu'elle nécessite? puis nous convoquent pour que nous nous retrouvions et que nous la poursuivions dans le moment suivant, exactement là où nous l'avions laissée, presque au mot près, dans une autre ville et une autre saison...
et puis après seulement, passée l'urgence conversationnelle, nous nous dirons bonjour et nous poserons les questions d'usage, avec tout le calme et la sérénité du monde. Mais les conversations conduisent le fil du moment et nous tissent au passage... la conversation prend la forme qu'elle désire, nous montre ce qu'elle veut nous montrer et nous emmène là où nous devons aller, puis peu à peu nous sentons le moment glisser... toute lutte est vaine, le moment nous quitte et il est l'heure de prendre congé... avec un sourire, parce que la conversation nous retrouvera plus tard, après, peut être dans une autre ville, quand elle aura envie de nous rapprocher de nouveau... et nous retrouvons ce même sourire en nous revoyant...
et puis quand il fait tard, quand il fait noir, quand mes amis me manquent, je pense à eux, je ferme les yeux, et je vais me perdre un moment dans la bibliothèque des conversations... je retrouve, intacts, précieux, les moments, les mots, les conversations, les rires, les sourires... et ils me manquent quand même autant, mais ils sont à mes côtés en attendant le moment suivant...
Les fils des conversations, quant à eux, ne s'effilochent pas.
Quel plaisir j'ai eu de revoir des amis que je n'avais pas vus depuis longtemps. En les voyant, quelle joie explosive, quel sourire résolument irrépressible!
Eh, c'est que ce sourire vient de loin, il a voyagé avec le moment, c'est un sourire qui vient du moment d'avant, il a pris forme dans l'interstice temporel pendant que nous vaquions à d'autres choses... ces conversations gravées et profondes et lentes qui nous lient les uns aux autres en dépit du temps qui passe et de la distance qui change. Ces conversations partent en vacances le temps de réfléchir à ce qu'elle veulent dire, ou alors le temps que nous rencontrions les mots qu'elle nécessite? puis nous convoquent pour que nous nous retrouvions et que nous la poursuivions dans le moment suivant, exactement là où nous l'avions laissée, presque au mot près, dans une autre ville et une autre saison...
et puis après seulement, passée l'urgence conversationnelle, nous nous dirons bonjour et nous poserons les questions d'usage, avec tout le calme et la sérénité du monde. Mais les conversations conduisent le fil du moment et nous tissent au passage... la conversation prend la forme qu'elle désire, nous montre ce qu'elle veut nous montrer et nous emmène là où nous devons aller, puis peu à peu nous sentons le moment glisser... toute lutte est vaine, le moment nous quitte et il est l'heure de prendre congé... avec un sourire, parce que la conversation nous retrouvera plus tard, après, peut être dans une autre ville, quand elle aura envie de nous rapprocher de nouveau... et nous retrouvons ce même sourire en nous revoyant...
et puis quand il fait tard, quand il fait noir, quand mes amis me manquent, je pense à eux, je ferme les yeux, et je vais me perdre un moment dans la bibliothèque des conversations... je retrouve, intacts, précieux, les moments, les mots, les conversations, les rires, les sourires... et ils me manquent quand même autant, mais ils sont à mes côtés en attendant le moment suivant...
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