dimanche 12 février 2023

Le portrait (le paradoxe du photographe)(à poster un jour)

J'ai dit ton prénom.
Tu as levé la tête et tu m'as regardée. J'avais déjà dégainé. Clic. J'ai pris la photo - la meilleure que j'aie jamais prise.
Pourtant je le regrette presque : j'ai l'impression que je te l'ai volée, impression de t'exposer au dépourvu. Et aussi surtout parce que j'ai pas envie de la partager, cette image je la veux garder pour moi toute seule.

Je le regrette presque, mais pas tout à fait quand même. Ce n'est pas seulement ton portrait. C'est aussi la photo de toi qui me regardes.

C'est la photo de comment je te vois. C'est la photo d'une évidence que je veux vivre mais que je ne veux partager avec nul autre que toi. C'est la photo de ce que je ressens et voudrais dire sans maux. C'est la photo de ce que je dis sans mots et qui bout en moi en permanence. C'est la photo exacte de ce que je voudrais te dire.

C'est tout ce que je ne te dis pas. Tout ce que je ne veux pas vouloir te dire. Cette évidence que je m'efforce de nier, et que je sais tout à fait inutile de nier.

Que j'ai besoin de toi pour être bien, par exemple. Que je pense à toi tout le temps. Que je suis sur les nerfs tout le temps quand on n'est pas - même de loin - en contact. Que ça me terrifie, aussi.

Et que en vrai, j'en sais rien, de ce que tu penses
Mais toi ? 

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